Anthony Ghnassia

Entre bruit et silence, le regard d’Anthony Ghnassia

Photographe de l’ombre, Anthony Ghnassia a passé vingt ans à capturer l’intimité des plus grands artistes. Avec la publication en octobre prochain de « Sound of Silence », il dévoile un travail à la croisée du tumulte des concerts et de la quiétude des paysages. Il revient pour Parnasse sur ce livre charnière.

THURSDAY 11 SEPTEMBER 2025

Dans l’ombre des projecteurs, Anthony Ghnassia a toujours su trouver sa place. Photographe de musique depuis vingt ans, il a accompagné les plus grands (PNL, JUSTICE, David Guetta, Bob Sinclar, DJ Snake…) en capturant, bien au-delà des concerts, l’intimité des coulisses. Son œil ne cherche pas le spectaculaire mais l’instant suspendu, celui qui dit tout sans bruit.

Rien pourtant ne le prédestinait à ce compagnonnage avec la musique. Jeune, il se voyait plutôt journaliste de presse, attiré par l’urgence des reportages, la tension d’un cliché volé. C’est l’énergie de la scène électro qui l’a détourné de sa route : une rencontre, des images envoyées à un attaché de presse, un appel des Guetta… et deux années sur la route. Depuis, il n’a jamais quitté cet univers, devenant au fil du temps le témoin discret d’une génération d’artistes.

Reste qu’on n’est pas si loin de la mission du photographe de presse : suivre des musiciens au quotidien, c’est être à la fois reporter, confident et mémoire vivante de leurs vies. « Les artistes ont besoin qu’on attrape ces moments de vérité, qu’on montre qui ils sont quand les projecteurs s’éteignent » glisse Anthony Ghnassia qui s’y consacre avec passion, des années durant aux côtés de DJ Snake notamment, rencontré bien avant son explosion mondiale. Ces différentes tournées ont un point commun : l’accompagnement de Parnasse qui a permis au photographe de vivre ses déplacements de manière très sereine. « Je remercie Parnasse qui m’a permis de me concentrer sur mon travail sans me soucier des éventuels problèmes de communication » ajoute ce dernier.
 

Quand la quiétude du paysage prend le dessus

Mais derrière la frénésie des tournées, un autre Anthony se révèle : celui qui part seul, sac à dos, photographier des paysages, attendre des heures le passage d’un animal, traquer le bruissement d’un souffle. Le silence comme contrepoint au vacarme des concerts. Sound of Silence, son premier livre, incarne cette quête. Une série de photographies où se côtoient images live et instants de nature, enrichies d’interviews qu’il a lui-même réalisées « parce que c’est plus facile quand on se connaît ». Aux artistes, il a posé une question simple : “Quel est ton rapport au bruit et au silence ” ? Pour Bob Sinclar, “le silence, c’est la mort”. Pour Eddy de Pretto, au contraire, une respiration nécessaire. DJ Snake confie son besoin vital de calme une fois la voiture refermée. Nikos Aliagas parle de lumière et d’ombre. Chacun, dans ses mots, prolonge l’exploration photographique du photographe.

Ce livre, confie-t-il, arrive à un moment charnière de sa vie. Père de deux enfants (sa fille aînée de sept ans l’accompagne parfois sur les shootings), il ressent le besoin d’un nouvel élan. L’homme qui a passé deux décennies à immortaliser des instants éphémères rêve désormais de mouvement. La vidéo, la captation de concerts, la production artistique : une nouvelle porte qu’il s’apprête à pousser, avec la même exigence que celle qui guide son travail depuis ses débuts.

Vous l’aurez compris, Sound of Silence n’est pas qu’un livre de photographies. C’est une méditation sur le vacarme et le calme, sur l’adrénaline et la sérénité, sur ce qui nous traverse quand la musique s’arrête et que ne reste que le silence. C’est à découvrir dès le 18 octobre aux Editions Hemeria.

 

Photo : Anthony Ghnassia © Maude Harcheb

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