Tapis sur mesure - Création de Sabine de Gunzburg

Sabine de Gunzburg : des tapis haute couture

Si Sabine de Gunzburg a eu plusieurs vies, c’est dans la vente de tapis haut de gamme qu’elle s’est taillée une réputation à la hauteur de son talent. Cette ancienne décoratrice passionnée d’art et Membre Parnasse depuis 2007, sélectionne les meilleures matières premières tout en privilégiant des méthodes de tissage traditionnelles. Qu’ils soient architectes, décorateurs, artistes ou particuliers, tous plébiscitent ces pièces d’exception réalisées à la main, sur mesure.
LE MARDI 13 MAI 2025

Pour rencontrer Sabine de Gunzburg, ses clients doivent grimper jusqu’au cinquième ciel d’un immeuble cossu, situé à deux pas de l’Arc de Triomphe. C’est ici, dans son propre appartement, que la dirigeante de S2G Design, les reçoit. Elle ne voulait ni showroom, ni boutique. « Cela me permet de tisser des liens privilégiés avec chacun d’entre eux » précise cette femme élégante et lumineuse.

​Avant d’atteindre la pièce dédiée aux échantillons de tapis, impossible de ne pas être éblouis par la multitude d’œuvres qui ornent les murs et témoignent de l’amour de Sabine de Gunzburg pour l’art. L’atavisme, probablement. Ses arrières-grands-parents maternels étaient marchands d’art et sa mère, propriétaire de la Galerie Weill & Seligmann, à Saint-Germain-des Prés. Si elle avoue se nourrir d’art au quotidien, Sabine de Gunzburg n’en a pas pour autant fait son métier.

​« A part conduire et fumer, je suis incapable de faire quoi que ce soit de mes mains ! dit-elle en riant. Je crée à peine deux tapis par an. Sur 180, avouez que c’est peu ! ». Parmi ses projets en cours, on lui doit au moins ces merveilleux dessins inspirés de l’écorce d’un arbre, qui serviront de motifs à des tapis en corde et soie. 

Une fabrication d’excellence

​Qu’il s’agisse de décorer une maison, un hôtel, un bureau ou tout autre espace d’hospitalité, chaque client a la possibilité de choisir parmi un grand nombre de matières — soie, laine, jute, corde, lin, coton, bambou, etc — et des centaines de nuances de couleurs. Forme, dimension, motif, hauteur de pile, tissage… de multiples combinaisons sont envisageables et prévisualisables grâce à des échantillons et des prototypes, qui, une fois validés, donnent le coup d’envoi à la fabrication. Quelle que soit sa matière, chaque tapis est tissé (tissage à plat ou Flat Wave), noué main (Hand Knotted, « la haute couture » du tapis) ou tufté (Hand Tufted), un procédé qui consiste à envoyer la laine dans un pistolet à brins, dans l’un des six ateliers avec lesquels Sabine travaille en Inde, où l’un des quatre dont elle dispose au Népal. Le tout exclusivement à la main. Il faut compter entre 8 et 16 semaines de délai de production selon la complexité du projet. Des photos et vidéos sont envoyées au client à chaque étape de fabrication, depuis la teinture des fils jusqu’à l’emballage final.

Sabine de Gunzburg
Sabine de Gunzburg, créatrice de tapis d'exception

​Une vocation tardive

Rien ne prédestinait Sabine de Gunzburg à se consacrer au commerce de tapis, fussent-ils sur mesure. Tout commence en 2011. Alors qu’elle vient de mettre fin à son activité de décoratrice qui ne l’épanouit plus, elle accepte d’aider un ami.

​« Il refaisait son appartement et n’arrivait pas à trouver des tapis correspondant à son budget. Je suis partie en Inde, le nez au vent, sans connaître personne… à part un vendeur de châle ! ». Défi relevé. Avec panache. A tel point que Sabine de Gunzburg se prend au jeu et réitère l’expérience. Son entourage la presse d’en faire son métier. Créer sa propre entreprise, à 48 ans ? Quelle idée ! pense-t-elle alors. Mais lorsque Almine Rech-Picasso et l’architecte Chahan Minassian lui soufflent le même conseil, Sabine de Gunzburg y réfléchit. En 2012, elle saute le pas et crée sa société. Trois ans plus tard, c’est la consécration. S2G Design remporte l’appel d’offre de l’Hôtel de Crillon qui lui commande pas moins de 150 tapis (qu’elle refait depuis tous les ans) pour ses chambres et ses suites ! « Cela m’a donné la visibilité et la respectabilité que j’attendais. »

​De fil en aiguille, elle collabore avec les plus grands cabinets d’architectes : Pierre Yovanovitch, Chahan Minassian auquel elle tient à rendre hommage car il a été le premier à lui accorder sa confiance, Luis Laplace ou encore Sybille de Margerie. Et aujourd’hui, ses tapis sont dispersés aux quatre coins du monde — Los Angeles, Dubai, Moscou… « Quand je songe à tout le chemin parcouru, j’éprouve un sentiment de fierté. J’ai dû me battre pour y arriver mais cette aventure m’a appris aussi la tolérance de la différence, face à des sociétés et des cultures (l’Inde et le Népal) dont j’ignorais tout. »

Bientôt une exposition ?

Qu’il s’agisse de ceux qui feutrent les sols du Palazzo Fortuni, somptueux hôtel particulier vénitien du XVIIème siècle, ou de ceux qu’elle a réalisés pour la Fondation Bernar Venet, au Muy (Var), Sabine de Gunzburg a un attachement particulier pour chacune de ses réalisations. Bien que le tapis d’artistes représente seulement 10% de son travail, elle garde de merveilleux souvenirs de ses collaborations avec Matthias Bitzer, Peter Peri, Bernar Venet ou encore Guillermo Kuitca. Son rêve ? Organiser prochainement une exposition. « A condition de pouvoir les vendre, ajoute-t-elle avec lucidité. Un tapis d’artiste pouvant coûter jusqu’à 25.000 euros ! Quand j’ai démarré il y a 13 ans, la presse était convaincue que j’allais me consacrer aux tapis d’artistes parce que ma mère en avait édité plusieurs à partir du fond de cartons de Calder, Picasso, Max Ernst, Léger, Miró… dont elle était propriétaire. Mais moi, je ne voulais pas entrer dans ses chaussons ! Il faut croire que la vie vous rattrape toujours puisqu’ensuite j’ai été sollicitée pour en exposer à Paris chez Almine Rech-Picasso et à New York. »

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